Discours Famille de la Forêt
Jonathan Lebire
(english version below)
Voici le discours de Jonathan qui a été prononcé le 6 février à notre évènement Soirée Cinéma au Cinéma du Parc où le film “La Famille de la Forêt” a été présenté pour collecter des fonds pour Comm-Un.

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Le film ce soir, c’est l’histoire d’une famille qui a le privilège de quitter le confort de la société et d’avoir les ressources pour partir triper dans le bois. 

Salut, je suis Jonathan, je travaille en itinérance !
Je me suis dit, wow je dois écrire un discours et faire un lien avec ça ?

Il faut comprendre que je crois tellement en ce que je fais, que je travaille depuis plus de 2 ans sans congé ni maladie, 18 mois sans salaire. Je donne tout ce que j’ai, tout ce que je suis. Pendant le temps des Fêtes, pendant que tout ferme, que tout le monde a le droit de passer du temps avec leur famille, et bien moi je reste avec ceux qui n'en ont pas. À Comm-Un, nous avons la tradition de coordonner 7 à 10 jours d’activités. Une de celles de cette année était un gros festin le 1er du mois. Je me voyais dire à tous, « Bonne année ! Une nouvelle qu’on commence bien, tous ensemble. » Mais déjà le 1er, à environ midi, nous avons eu notre premier décès dans la communauté. Depuis, un mois de fait, et je crois que nous en sommes à 4 ou 5. Et avant Noël, depuis le mois d'août, je ne peux même pas compter. Alors autant excité que je suis de voir Comm-Un enfin exister, je suis fatigué, anxieux et plongé dans un feeling de guerre. Soyez indulgent avec mon texte lu et écrit durant la nuit ! haha.

Donc oui, une nuit avant le film, écrire un discours inspirant sur le sujet de cette famille qui a la luxure d’aller relaxer dans les bois. Je me dis grognon : “ Nous on travaille avec des gens qui vivent dans la rue ou pas loin. Qui n’ont pas les ressources afin d’aller gagner leur autonomie. Sans parler de mes amis autochtones qui rêvent d’être capable de retrouver ce mode de vie qui est le leur, qu’on leur a en fait, disons poliment, emprunté. Je ne savais pas trop sous quel angle je pouvais faire un lien avec le travail de Comm-Un. 

Bien sûr, c’est un super film et j’ai trouvé plein de liens ! Il me fera plaisir de vous présenter quelques-unes de ces pensées. Le film, racontant l'histoire de Gérard, Catherine, et leurs trois garçons qui ont choisi de vivre en autarcie dans la forêt boréale de la Gaspésie, illustre un retour à l'autonomie et une réconciliation profonde avec la nature, des thèmes qui s'alignent avec notre mission à Comm-Un.

Mais avant je voudrais prendre quelques minutes pour célébrer Le Collectif Comm-Un. Une idée qui germe depuis 15 ans chez Karine et moi, qui existe en fait depuis deux ans et officiellement depuis 1 an. J’en suis tellement fier et je pourrais vous en parler pendant tout le film, on fait ça à la place ?

Pour vrai, ma plus grande fierté est venue au moment où j’ai réalisé qu’on existait, on avait accompli des événements, construit des outils, réuni des partenaires, qu’on avait des projets. Et qu’en fait nous avions eu peu ou pas de financement. Je suis donc heureux de pouvoir vous annoncer que Comm-Un existe grâce à la bienveillance de tous ceux qui ont participé et cru en nous et en notre message et sur cette base de gentillesse nous pourrons bâtir réellement solide.  

Comm-Un en deux phrases ; Les gens qui possèdent la clé ou la réponse à la question de l’itinérance, ne le savent pas eux-mêmes. Comm-Un c’est ça, comment réussir à outiller les personnes elles-mêmes à répondre ou guérir des traumatismes qui les ont menées et les maintiennent à la rue. 

Depuis plus d’un an, nous avons conçu et offert plus de 20 événements ! Sans parler de notre travail quotidien et de notre travail de recherche. Nous avons présentement 9 projets actifs et un secret encore en stratégie. Je vous fais une liste rapido :  

1) Maison de Solidarité au 3516 Avenue Parc:
Pour découvrir et apprendre la diversité, la solidarité et la découverte de l’esprit des Co-ops de Milton-Parc.

2) Un atelier d’artistes et la création d’une Coop d’artiste autochtone:
Au 1801 Rachel est. Dédié à des artistes ayant connu des situations d’itinérance. Un endroit pour travailler entre eux, créer et s’organiser d’une façon autonome. 

3) Une équipe de réduction des méfaits (Spark it Up - Community Care):
Composée de gens vivant ou ayant vécu l’itinérance et étant autochtones, une équipe qui parcourt les rues et offre des services de réduction des méfaits, s’assurent que les individus sont en sécurité et donne le bon exemple étant donné qu’ils sont de la même communauté. Financé jusqu’en mars 2024 par ISWP et dirigé par Comm-Un. Les membres de l’équipe ont voté entre eux pour s’engager dans un changement, en eux et dans le système social. Ils sont le noyau de notre cercle aviseur, qui se développe tranquillement. 

4) Le Cercle de Solidarité de la Rue en collaboration avec le Syndicat des locataires autonomes:
Afin d’inspirer les personnes en situation d’itinérance de s’unir sous une bannière qu’ils pourraient créer afin de les informer, les protéger, les informer et les impliquer dans les décisions. Dans les politiques, les gestions d’organismes, avec les institutions, etc.  

5) Histoire hors du Comm-Un:
Parce que tout devrait partir de la connaissance de l’histoire des individus. Ce projet veut favoriser et donner les ressources aux individus de raconter et organiser leur histoire. Et avec leur permission et dans la bienveillance, partager ces histoires afin de faire connaître les vraies réalités de l’itinérance. 

6) Programme éducatif et de solidarité:
Implication des gens en situation d’itinérance dans la création d’événements, d’ateliers, de formations et autres. Apporter une perspective de guérison, basée sur nos apprentissages, à tous les membres de la communauté. Soutenir les initiatives de guérison autochtones.

7) Les six outils d'intervention de Comm-Un:
Outils très cliniques dont je vous épargne les détails. Faites-nous confiance que ces outils pourraient tout changer !

8) Université de la Rue:
Pour les individus qui ont envie d’entamer un parcours de guérison et de croissance personnelle. Une programmation qui apporte les ressources et options nécessaires à se trouver une réelle place dans la communauté. Être un espace durable et accueillant qui permet un sentiment d’appartenance et qui s’engage à toujours accueillir ceux qui en ont fait partie recréant ainsi le filet social qui leur fait défaut. 

9) Et notre projet secret, qui implique l’hospitalité, la réconciliation et la guérison.

Pour en revenir au film de ce soir:
Cette citation du père, « L’idée est qu’il faut réapprendre à être autonome ». Cette citation capture parfaitement non seulement l'esprit du film mais aussi l'esprit de Comm-Un. Nous croyons fermement dans la capacité des individus et des communautés à se redéfinir, à réapprendre et à réactiver des savoir-faire souvent oubliés ou négligés dans notre société moderne.

À Comm-Un nous affirmons que l’itinérance n’existe pas et qu’elle est en fait le produit des lacunes de notre justice sociale. Je trouve que ce film appuie notre pensée, que si des gens trouvent important de quitter le système, malgré que pour eux ça n'allait pas si mal, pour aller se retrouver dans la nature, ça parle beaucoup. Il y a une critique forte sur notre société, ils parlent eux-mêmes d’ailleurs d’un besoin de guérison qu’ils vivent. Qu’est ce qui a fait que ce qu’ils ont vu et vécu dans la société, que même malgré les risques encourus, leur a donné envie de trouver une alternative ? C’est exactement ce que tentent de nous dire les personnes en situation d’itinérance, qui ont subi fortement et profondément les lacunes de notre système. Mais eux ont ne les écoute pas. Voici comment il faut travailler ensemble, nous avons besoin de gens courageux comme dans ce film et qui oseront s’unir à notre cause, contribuer de leurs arguments et de leurs soutiens. 

Le film souligne l’importance du réapprentissage des savoir-faire, notamment ceux liés à la terre et à la subsistance. Nous avons la chance de compter sur le Santropol Roulant et ses multiples jardins avec qui nous avons créé différents événements qui nous ont permis d’inviter nos amis autochtones de la rue dans un contexte de jardinage, de cérémonies et de souveraineté. Un partenariat qui nous donne la chance de prouver à quel point cet élément de retour à la terre est important. Plus que du jardinage, nous avons échangé sur nos histoires, appris de la culture autochtone et surtout, nous avons commencé nos connaissances et pratiques en matière de guérison. Réapprendre à se connecter à la terre, c’est aussi refaire tes racines qui ont été coupées. 

Vous verrez que je fais souvent référence à mes amis autochtones et à leur leçon de vie. Il est important que nous comprenions qu’il n’y a aucun intérêt politique ou autre. Simplement personnellement ce sont eux qui m’ont le plus appris depuis que je pratique mon métier. J’y fait référence et je ne me l’approprie pas, dans le même sens que ma passion pour le bouddhisme. 

Nous abordons d’ailleurs dans ce film le choix d’une famille de quitter notre système et de se créer une alternative. Quand je pense justement aux Tibétains, aux autochtones canadiens, sud-américain, les peuples africains ou des sables ; plusieurs peuples ou cultures ont évolué comme les autres humains mais dans un sens différent. Plus près de la vie, de son rythme et de la sagesse. Les peuples plus colonialistes eux ont choisi une voie de performance, d’industrialisation, de capitalisme. Il y a donc des options possibles et un peu comme l’urgence climatique, je crois que nous faisons face à une urgence de justice sociale sur la planète. Un film à la fois, un membre de Comm-Un à la fois, nous espérons tous nous unir face à l'inacceptable que l’humain a choisi d’accepter dans sa croissance trop rapide et peu réfléchie. 

En Conclusion,
Merci à Tenk, à Catbird production, au distributeur Films du 3 mars





The Forest Family Speech

Here is Jonathan's speech given on February 6 at our Soirée Cinéma event at Cinéma du Parc, where we showed the movie "La Famille de la Forêt" to raise funds for Comm-Un.

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Tonight's film is the story of a family who has the privilege of leaving the comforts of society and having the resources to go tripping in the woods. 

Hi, I'm Jonathan, and I work in homelessness! 
I thought, wow, I have to write a speech and link it to this?

You have to understand that I believe so much in what I do, that I've been working for over 2 years without leave or sickness, 18 months without pay. I give everything I have, and everything I am. During the holiday season, when everything is closing down and everyone has the right to spend time with their families, I stay with those who don't have any. At Comm-Un, we have a tradition of coordinating 7 to 10 days of activities. One of this year's events was a big feast on the 1st of January. I could see myself saying to everyone, "Happy New Year! We're off to a good start, all of us together." But already on the 1st, at around noon, we had our first death in the community. Since then, a month on, and I think we're up to 4 or 5. And before Christmas, since August, I can't even count. So as excited as I am to see Comm-Un finally exist, I'm tired, anxious and plunged into a feeling of war. Bear with me as I read and wrote this late last night! Haha.

So yes, one night before the movie, write an inspirational speech on the subject of this family who has the luxury of going to relax in the woods. I say to myself grumpily: "We work with people who live on the street or close to it. Who don't have the resources to earn their own living. Not to mention my native friends, who dream of being able to regain their way of life, which, to put it politely, has been borrowed from them. I wasn't sure how I could relate to Comm-Un's work. 

Of course, it's a great film and I found plenty of links! I'd be delighted to share some of those thoughts with you. The film, which tells the story of Gérard, Catherine and their three boys who have chosen to live self-sufficiently in the boreal forest of the Gaspé Peninsula, illustrates a return to autonomy and a profound reconciliation with nature, themes that align with our mission at Comm-Un.

But first I'd like to take a few minutes to celebrate Le Collectif Comm-Un. An idea that Karine and I have had for 15 years, that has been in existence for two years and officially existed for one year. I'm so proud of it, and I could tell you all about it in the movie, so why don't we do that instead?

To be honest, my greatest pride came when I realized that we existed, that we had organized events, built tools, brought together partners and had projects. And that was despite the fact that we'd had little or no funding. So I'm happy to be able to announce that Comm-Un exists thanks to the kindness of all those who participated and believed in us and our message, and on this basis of kindness we’ve been able to build something really solid.  

Comm-Un in two sentences; The people who hold the key or the answer to the question of homelessness, don't know it themselves. That's what Comm-Un is all about, equipping people themselves to respond to, or heal from, the traumas that have led them to and keep them on the streets. 

Over the past year, we've designed and delivered more than 20 events! Not to mention our day-to-day work and research. We currently have 9 active projects, with one secret still in the pipeline. Here's a quick list:  

1) Maison de Solidarité at 3516 Avenue Parc:
Discover and learn about diversity, solidarity and the spirit of the Milton-Parc Co-ops.

2) An artists' workshop and the creation of an Aboriginal Artists' Co-op:
Located at 1801 Rachel Street and dedicated to artists who have experienced homelessness. A place to work together, create and organize independently. 

3) A harm reduction team (Spark it Up - Community Care):
Made up of Indigenous people living or having lived through homelessness, a team that walks the streets and offers harm reduction services, makes sure individuals are safe and sets a good example given that they are from the same community. Funded until March 2024 by ISWP and managed by Comm-Un. Team members voted amongst themselves to commit to change, in themselves and in the social system. They are the core of our advisory circle, which is quietly growing. 

4) Le Cercle de Solidarité de la Rue in collaboration with the Syndicat des locataires autonomes:
To inspire people experiencing homelessness to unite under a banner they could create to inform, protect, inform and involve them in decisions. In policies, in the management of organizations, with institutions, etc.  

5) Stories of Comm-Un:
Because everything should start from the knowledge of people's history. This project aims to encourage and empower individuals to tell and organize their stories. And with their permission and in a caring way, share these stories to raise awareness of the true realities of homelessness. 

6) Educational and Solidarity Program:
Involving people experiencing homelessness in the creation of events, workshops, training and more. Bring a healing perspective, based on our learnings, to all members of the community. Support Aboriginal healing initiatives.

7) Comm-Un's six intervention tools:
Very clinical tools, the details of which I'll spare you. Trust us, these tools could change everything!

8) The Street University:
For individuals who want to begin a journey of healing and personal growth. Programming that provides the resources and options needed to find a real place in the community. To be a sustainable and welcoming space that enables a sense of belonging and is committed to always welcoming those who have been part of it, thus recreating the social net they lack. 

9) And our secret project, which involves hospitality, reconciliation and healing.

To return to tonight's film:
This quote from the father, "The idea is to relearn how to be autonomous. This quote perfectly captures not only the spirit of the film, but also the spirit of Comm-Un. We firmly believe in the ability of individuals and communities to redefine themselves, to relearn and reactivate skills often forgotten or neglected in our modern society.

At Comm-Un, we affirm that homelessness does not exist, and that it is in fact the product of multiple shortcomings of our social justice system. I find that this film supports our thinking, that if people find it important to leave the system, despite the fact that things weren't so bad for them, to go out into the wild, that speaks volumes. There's a strong critique of our society, and they themselves speak of a need for healing that they experience. What is it about what they've seen and experienced in society that, despite the risks involved, has made them want to find an alternative? That's exactly what homeless people, who have suffered deeply and profoundly from the shortcomings of our system, are trying to tell us. But we don't listen to them. Here's how we need to work together: we need courageous people like the ones in this film, who will dare to join our cause and contribute their arguments and support. 

The film underlines the importance of relearning skills, particularly those related to the land and subsistence. We are fortunate to be able to count on Santropol Roulant and its many gardens, with whom we have created various events that have enabled us to invite our Indigenous street friends into a context of gardening, ceremony and sovereignty. A partnership that gives us the chance to prove just how important this back-to-the-land element is. More than just gardening, we share our stories, learn about aboriginal culture and, most importantly, begin our healing knowledge and practices. Re-learning how to connect to the earth is also about putting down roots that have been cut. 

You'll see that I often refer to my native friends and their life lessons. It's important for us to understand that there's no political or other interest here. It's just that, personally, they're the ones who've taught me the most since I started practicing my profession. I refer to it and I don't make it my own, in the same sense as my passion for Buddhism. 

In this film, we look at a family's choice to leave our system and create an alternative. When I think of Tibetans, Canadian natives, South Americans, Africans or sand dwellers, many peoples and cultures have evolved like other humans, but in a different direction. Closer to life, its rhythm and wisdom. The more colonialist peoples, on the other hand, have chosen a path of performance, industrialization and capitalism. So there are possible options, and like the climate emergency, I think we're facing a social justice emergency on the planet. One film at a time, one Comm-Un member at a time, we all hope to unite in the face of the unacceptable that humans have chosen to accept in their overly rapid and ill-considered growth. 

In Conclusion,
Thanks to Tenk, Catbird production, distributor Films du 3 mars

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